René Girard y verrait une magnifique illustration de sa théorie mimétique : ceux qui se réclament aujourd'hui de l'antiracisme tombent dans le racisme le plus élémentaire. Yannick Jadot, tout heureux que ses fines remarques sur le "Juif de service" n'aient pas fait les gros titres indignés des journaux bien comme il faut, croit bon d'ajouter un second mouvement à sa symphonie arc-en-ciel : "Quand vous voyez le meeting de Zemmour, où ce n’est que des Blancs et vous mettez un Noir derrière Zemmour, là c’est de l’affichage !" Si l'on comprend bien, il s'agirait ici d'un "Noir de service". Dommage que son discours ne soit pas allé au bout de sa logique, ce qui aurait peut-être brusqué l'humeur égale et bienveillante de la presse.
On se félicite que de telles réflexions n'aient pas cours dans les partis respectables. Par exemple, LR. Ah, j'ai parlé trop vite. On me souffle dans l'oreillette que M. Patrick Karam, proche de Mme Valérie Pécresse, a proféré : "Eric Zemmour veut un vote aussi ethnique, il cherche le vote des petits Blancs, pas dans le sens mauvais, hein, petits Blancs, c'est-à-dire des Blancs frustrés, des Blancs de la périphérie, de ceux qui se sentent dépossédés...". Ça vient d'Europe 1 et je ne sais pas à quand la déclaration remonte. Honnêtement, sur le fond, c'est assez bien vu, et beaucoup d'électeurs voudraient certainement que Mme Pécresse s'intéresse au sort des Français périphériques, évidemment frustrés par le cours des choses et premières victimes de la dépossession. Quant à l'expression "petits Blancs", je crois fort qu'elle a été popularisée par les Indigènes de la République, et quand Alain Finkielkraut l'avait reprise ironiquement pour commenter les obsèques de Johnny Hallyday toute la classe médiatique s'était mise à hurler. Il faut bien choisir ses victimes, que voulez-vous.
La victime du jour, c'est Nicolas Bay. Ce nom pourrait être celui d'un personnage de John le Carré, mais non, c'est celui d'une "taupe" aux yeux de Marine Le Pen, qui a décidé d'exclure celui qui aurait refilé sous le manteau des informations stratégiques à Zemmour. M. Bay portera plainte (encore une plainte ! cette campagne va engorger les tribunaux pour des lustres) et Reconquête fait les yeux doux à celui qui fut vice-président du FN.
L'autre accusé répond au nom de Macron. Le Canard Enchaîné donne à lire un article au vitriol sur le rachat par EDF de turbines nucléaires vendues aux Américains il y a sept ans, ou comment "racheter presque deux fois plus cher une boîte diminuée d'un quart". Emmanuel Macron était Ministre des Finances au moment de la vente, rappelle le palmipède, qui ironise sur une perte avoisinant le demi-milliard d'Euros. Zemmour saute sur l'occasion, se rend à Fessenheim pour défendre son programme de réindustrialisation tout en fustigeant le pouvoir en place.
On passera sur les égarements protectionnistes habituels pour retenir une chose : "La politique énergétique ne relèvera plus du ministère de l'Écologie comme c'est le cas depuis plus de dix ans, mais d'un nouveau grand ministère de l'Industrie, de l'Énergie, des Transports, du Numérique et du Commerce extérieur. Faire passer l'énergie du ministère de l'Écologie au ministère de l'Industrie c'est un changement de philosophie."
Et il ajoute ce mot inespéré : "C'est ne plus considérer que l'énergie est un problème, mais qu'elle est une solution."
Bravo !
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