C'est une première, je crois : voilà Zemmour à moins de 10% dans un sondage. Pas n'importe lequel, puisqu'il est signé BVA. C'est à désespérer. L'effort final acclamé par la foule du Trocadéro, les audiences jamais vues, la ferveur twitterienne et numérique, l'arrivée de Marion Maréchal n'auront servi qu'à enfoncer encore plus le chef de la vraie droite, que dis-je, de la seule droite, de la France réelle que lui seul incarne dans ce qu'elle possède de plus authentique, dans le bas du classement, tel un élément éthéré du tableau de Mendeleïev que l'on finit, faute de mieux, par classer dans une zone incertaine entre gaz rares et isotopes évanescents.
Tut tut tut ! Les sondages, Zemmour s'assied dessus, si l'on me passe l'expression. D'ailleurs il s'en persuade en faisant (il fallait y penser) un sondage.
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Avez-vous déjà été sondé ? demande Zemmour ici. |
L'idée est limpide. Quasiment personne n'a été consulté. Les sondages se trompent. Ils ne peuvent que se tromper. Il n'y a aucune raison de ne pas voir l'adhésion enthousiaste que suscite l'homme de Reconquête à chacune de ses apparitions. Ce ne sont qu'acclamations, cris d'allégeance, manifestations d'amour, serments de fidélité. Cette réalité échappe à la froide routine d'instituts voués à la pensée dominante. Le système ne peut appréhender la réussite de celui qui précisément veut le mettre à bas et débarrasser enfin la France de ces manipulateurs d'opinion. La Vérité est intolérable aux marchands de ténèbres. Zemmour porte haut le flambeau qui fera reculer la nuit. C'est notre Prométhée, notre Éosphoros, notre Lucifer.
De deux choses l'une. Si Zemmour échoue dans la mesure de l'échec annoncé, nous aurons droit à un vent de rébellion qui rappellera celui des partisans de Trump, quand le falot Biden lui ravit la place. Nul besoin d'avoir lu Psychologie des foules pour comprendre que cela ne se fera pas en glissant sur des pétales de roses. Ou alors, les estimations sont dans l'erreur, et un ménage radical devra être fait dans un certain nombre d'organismes spécialisés - ainsi que dans la presse. Il reste la voie honorable, celle de la médiane où Zemmour perd de justesse, ce qui permettra à chacun de s'en sortir sans trop de dommages.
Conséquence inattendue, Le Pen se sent pousser des ailes. Sa victoire finale a changé de statut : elle était impossible, la voilà improbable, souligne Mathieu Bock-Côté. Certes, elle est toujours perdante, mais avec un écart plus faible qu'il ne l'a jamais été ; et avec les marges d'erreurs, les possibles ralliements de second tour et "l'affaire" McKinsey qui vient in extremis gripper la machine macronienne, le RN se prend à espérer, plus qu'il ne l'a jamais fait.
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