"La campagne d’Eric Zemmour est-elle en train de dérailler ?", s'interroge L'Opinion. Il est "soufflé par la crise ukrainienne", précise Le Point. France Info estime qu'il a "trébuché sur l'accueil des réfugiés ukrainiens". La radio publique ajoute que le candidat a "annulé sa présence" à la matinale de ce matin : "son entourage a choisi la discrétion, pour ne pas surexposer le candidat."
Ne pas surexposer le candidat à quoi ? La réponse est claire : au rappel de ses déclarations multiples et clémentes, dirons-nous, sur M. Poutine.
Festival de compassion pour le peuple ukrainien hier sur CNews, dans l'émission Demandez le programme. "Aujourd’hui, le patriotisme de Zelensky est un patriotisme héroïque", assure Zemmour, s'attirant les critiques d'une partie des siens pour qui le narratif russe sur les nazis est la vérité vraie. Pas si vite, dit le candidat : "Traiter le président Zelensky, qui est Juif, de nazi, c’est grotesque et indigne de la part de Poutine." Aussitôt sur Twitter fleurissent les messages qui rappellent les "massacres" qu'aurait perpétrés l'armée ukrainienne au Donbass. Triste destin que de se voir happé par Charybde et mordu par Scylla.
Beaucoup de ces réponses paraissent provenir d'électeurs potentiels de Zemmour, sidérés par la retenue du candidat. La prudence s'impose, naturellement, mais je ne me souviens pas d'avoir déjà vu de telles déchirures parmi les commentateurs proches de Reconquête. Pour une part de ceux-ci, M. Poutine est dans son droit le plus strict et a pleine raison de vouloir mettre un terme aux horreurs dont la minorité russophone de l'est ukrainien serait la victime.
Hélas pour eux, Zemmour adopte un langage que l'on n'aurait aucun mal à envisager dans un discours de Macron, voire de Bernard-Henri Lévy : "Je pense que Poutine a sous-estimé l'émergence d'un sentiment national ukrainien. Les Ukrainiens se battent, c'est un peuple fier, ils résistent face à l'offensive d'une armée plus puissante que la leur." Nicolas Gogol n'aurait pas mieux tourné son éloge à Tarass Boulba. Quant aux Russes, ils sont "capables de tout". Où l'on découvre Éric Zemmour adepte des maximes de John Rambo.
Zemmour : "Je veux une paix rapide. Les Russes sont capables de tout." (lien) |
On apprend incidemment que Marion Maréchal se serait enfin prononcée en faveur du candidat, et que la jeune femme assistera, selon toute vraisemblance, à son prochain rassemblement. Reconquête compte sur l'événement pour relancer une "dynamique" grippée : Paris Match note la perte brutale de "trois points en trois jours" dans les intentions de vote en sa faveur. Résultat, l'ancien finaliste présumé redevient bon quatrième, à la traîne de Mme Pécresse qui, avec ses 13,5% n'est déjà pas très haut.
Le sobriquet "Vladimir Zemmour" fait florès. Je l'entendais ce matin sur RTL et une recherche rapide montre que l'expression apparaît à plus de 1600 reprises dans les pages de Google News. Claude Malhuret a eu la main heureuse, au même titre que celui qui inventa cet "Ali Juppé" qui provoqua la chute d'un prétendant sérieux aux dernières présidentielles.
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