Les analystes en perdent leur latin. Bizarre, bizarre : alors que le soutien affiché à Vladimir Poutine n'a eu aucun effet sur les intentions de votes pour La France Insoumise et le Rassemblement National, Reconquête seul encaisse de plein fouet l'impopularité du chef russe.
Ils ont dit bizarre ? Comme c'est étrange, me dis-je in petto, que ces spécialistes de la chose publique soient incapables de faire la différence entre un discours connu de longue date et les propos d'un nouveau venu sur la scène française. On l'a bien assez dit, pourtant, que le thème du Grand Remplacement, porté en pleine lumière par les efforts constants de Zemmour, avait de quoi lui rallier un nombre important d'électeurs convaincus, ou simplement interloqués par l'absence d'un sujet si crucial partout ailleurs. L'homme venu de CNews avait réussi à l'imposer et s'attirait de fait les suffrages de simples citoyens inquiets pour l'avenir de la France.
Ce trésor de guerre s'évapora en partie quand ces mêmes personnes se rendirent compte des sympathies dangereuses professées par l'ex-chroniqueur, et s'en détournèrent avec dégoût : c'est la logique même de l'actualité en marche. Le phénomène est évidemment insensible, ou disons moins évident, pour ceux qui apprécient Le Pen ou Mélenchon, connus de longue date pour naviguer dans les eaux troubles des "régimes forts", qu'ils soient latino-américains, d'Asie centrale ou à l'Est de l'Europe. La poutinomanie ne pouvait pas entamer durablement un électorat que le fait dictatorial ne sidère pas.
L'affiche officielle de Zemmour a été dévoilée.
Zemmour présente son affiche officielle (ici) |
Chacun sera juge, naturellement. À titre personnel elle me dérange : trop trafiquée, ou en tout cas donnant les apparences de l'être, ambiguë dans sa volonté de rassurer tout en présentant un je-ne-sais quoi de suspect. Je ne la prendrais pas, quoi qu'il en soit, comme poster dans ma chambre à coucher. Il est vrai que ce n'est pas le pire, en ce moment les photographes sont en verve, qui nous servent des clichés hilarants et désespérants de Macron en leader ukrainien. Cette manœuvre infantile devrait lui coûter très cher : le cocktail formé avec les dernières positions de son ministre de l'Intérieur sur la Corse est explosif. Zemmour n'a pas laissé passer et commente dans un communiqué ferme.
Zemmour sur la Corse (ici) |
Il a raison d'insister sur l'importance du djihad : on ne peut comprendre entièrement les troubles dans l'île selon une simple logique "nationaliste". Il existe une autre dimension qui vient donner aux événements une portée inédite. Zemmour a senti justement la fragilité du gouvernement, et s'emploie à jouer son avantage.
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