Village Potemkine et syndrome Balladur. La rencontre prétendument fortuite de Zemmour avec des automobilistes au bord de la crise de nerfs, vent debout contre la politique tarifaire du pouvoir, tenait de la basse manœuvre. Des partisans de Reconquête avaient été installés dans une station service, tout disposés à plébisciter la mesure de blocage des prix avancée par Zemmour, qui tomba à pic pour exprimer sa compréhension de ces laissés-pour-compte de la mondialisation.
Ben voyons ! La supercherie était grosse et mal fichue. Elle fut éventée avant même que Reconquête ait le temps de faire connaître le vrai-faux reportage, si bien que l'antidote précéda le poison.
On se souvient que Balladur, en 95, avait dû quitter un hélicoptère en panne sèche pour faire de l'autostop et rencontrer une charmante automobiliste qui le mena à temps pour son meeting. D'accord, Balladur autostoppeur, c'est un peu comme Einstein à la plage : de la science-fiction, ou un opéra de Philip Glass. Car on s'aperçut bien vite que la belle histoire était un magnifique bidonnage, qui enfonça encore davantage l'homme qui devait être président. Dur pour Zemmour de voir planer l'ombre maudite de Balla, immobile à grands pas.
Dur aussi de voir la lettre Z, initiale chérie des nouveaux patriotes, exploitée ad nauseam par les troupes de Poutine qui martyrisent l'Ukraine, en symbole de "dénazification". La coïncidence est fâcheuse, assurément, pour les raisons que l'on sait.
Reconquête réagit. La contre-attaque prend la forme d'une vidéo, Ils vous disent. Zemmour refait le coup, en condensé, de sa déclaration de candidature. Las ! Toute ferveur a disparu. Richard Clayderman a remplacé Ludwig van Beethoven. Les mots sont banals. La magie s'est envolée. Nous voilà revenus aux jours sombres de la fin novembre, quand le mouvement cherchait un nouveau souffle. Il l'avait trouvé, et ce fut alors une "divine surprise".
La renaissance est-elle possible, et à quel prix ? Les Républicains ont infiltré une réunion zemmouriste après le débat avec Valérie Pécresse, et publié plus de deux minutes de réactions désabusées. On peut l'entendre ici. On s'en doutait, la déception est immense, et confirme le marasme d'un parti en panne sèche.
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