Accéder au contenu principal

5 février 2022

Martine Aubry, Dominique Sopo, SOS Racisme, tous étaient rassemblés ce matin à Lille, soutenus par une vingtaine de partis, dont Europe Écologie Les Verts, La France Insoumise, le Parti Communiste, des syndicats et des associations, pour dire non à la haine. On s'attendait à voir des amoureux de la République débarquer par cars entiers, venus en hâte des quatre coins d'une métropole européenne forte de plus d'un million d'habitants, communier dans une même démonstration anti-raciste. Eh bien, "on" avait tort. Le Parisien n'y a guère vu plus de "quelque 300 manifestants". La rhétorique du 3e Reich ne paye plus - peut-être parce que la plupart des gens ont compris, plus ou moins consciemment, que le nouveau péril totalitaire emprunte désormais d'autres atours.

La "haine", on l'aura deviné, est celle que suinte Zemmour, attendu pour un grand meeting dans cette ville à 15h. L'événement promet d'être plus mémorable encore que celui de Villepinte. Les zemouristes tablent avec optimisme sur le match à distance avec le rassemblement de Marine Le Pen, ce même jour à Reims.

La transmission commence avec 27 minutes de retard, devant plusieurs dizaines de milliers d'internautes connectés au direct YouTube. Musique avariée, jeux de lumière digne du Macumba 2000, pas de doute, c'est bien ici la touche Zemmour, si prévisible et si affligeante. Non, je ne décolérerai pas contre cet homme si fier de piétiner sur l'air des lampions nos précieuses racines. Cela me déplaît, "comme il me déplairait que vous devinssiez niais", pourrait lui susurrer une Roxane bien inspirée, ajoutant : "Vous m’offrez du brouet quand j’espérais des crèmes". Mais notre Cyrano de Montreuil n'a aucun nez pour le chant de nos pères.

Les 8 000 personnes, selon les organisateurs, n'ont sans doute pas regretté leur venue. L'événement a tenu ses promesses, des flèches bien piquantes contre Martine Aubry, des annonces de Zemmour qui plaint à juste titre le Français moyen assommé par le poids de l'État. Un poids qu'il va fortement diminuer tout en inventant de nouveaux dispositifs étatiques (prise en charge partielle des déplacements professionnels en voiture, primes à la naissance, etc.). On vide la barque d'un côté, on l'emplit de l'autre. À une autre époque, l'image du sapeur Camember se serait imposée à tout un chacun. Certes, pour Zemmour il s'agirait d'une diminution globale, assortie d'une nouvelle répartition des efforts étatistes, mieux orientée vers "les Français". L'intention est claire, qui annonce tout aussi clairement un nouveau naufrage.

Début du meeting de Zemmour à Lille (capture YouTube)
Début du meeting de Zemmour à Lille (capture YouTube)

Pendant la très longue intervention de Zemmour il fallait avoir l'œil bien affûté pour lire à la volée les commentaires défilant dans la fenêtre de "Tchat". Des citations de la Bible, des fanions tricolores, des images de femmes voilées, d'avions et de flammes (inquiétant, convenons-en), des déclarations d'amour au candidat, etc. Un internaute assure même avoir vu Marion Maréchal dans le public. Mais la jeune femme ne devait jamais se montrer, reléguant la vision d'un exalté au rang d'une illusion perdue.

Article de la veille    Article du lendemain

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

14 janvier 2022

Ils se disent Républicains, se sont comptés pour découvrir qu'ils sont mille quatre cent dix-sept, pas un de moins, tous déterminés à voler au secours de Reconquête. Une opération de pure esbroufe ? Possible. Le journal l'Opinion où parait cette tribune de précessistes consternés précise en bas de page : "Les signataires n’ont pas souhaité rendre publique la liste entière qu’ils ont cependant transmise à l’Opinion." Prudence élémentaire ou manœuvre de bas étage ? L'offensive se déploie aussi avec le site "Droite pour la France" ( www.droitepourlafrance.fr ). Mille quatre cents sympathisants ? Fi donc ! Nous avons ici affaire à un "collectif de 10 000 Républicains" qui adjure les électeurs de droite d'abandonner LR pour mieux embrasser la cause zemmourienne. Il n'est pas sûr que ce mouvement opportun soit effectivement fort de dix mille âmes, quand on lit que le nombre de visiteurs en ligne dépasse à peine ce total. Qu'importe, l...

23 janvier 2022

4 600 sympathisants dans la salle des Victoires à Cannes, un bon millier au-dehors, qui n'ont pas pu rentrer, le dernier meeting de Zemmour tourne à une nouvelle démonstration ( Le Figaro ). Son intitulé explicite, "Meeting de l’Union des droites", pose Zemmour au centre de gravité d'une droite qu'il veut faire renaître, délivrée des interdits édictés par la gauche depuis l'époque de Mitterrand. C'est osé, à défaut d'être gagné d'avance, car on touche ici à un tabou. Mais c'est ce qui fait la force de Zemmour, cette habileté à dévoiler les dessous d'un jeu politique dont les règles ont été codifiées, selon lui, dans les années 80. Non sans raison alors, le FN accueillant en son sein des partisans d'extrême droite, négationnistes et racistes. Le RN, toutefois, n'est pas le FN, quoi qu'on en dise, et il est permis de s'interroger sur la pérennité de cet ostracisme, qui n'a jamais touché, que je sache, le PCF, ce soutien de...

19 mars 2022, J moins 22

Calme blanc entre deux crises. Zemmour et les siens s'emploient à faire tourner des petits films où des soutiens du candidat se font insulter, agresser parfois, par des voyous. De la racaille, selon la terminologie consacrée. Le jeune Stanislas Rigault encaisse sans broncher une salve ordurière et s'attire les justes encouragements de son mentor. Si encore les injures étaient variées, mais non, toujours les mêmes mots, les mêmes expressions, où reviennent en boucle des énoncés peuplés de prostituées, de mères, d'homosexuels et de pratiques charnelles. À croire que tous les insulteurs de France proviennent d'un même moule. La chose devrait profiter à Zemmour, qui énonce la réalité sans fard, ou du moins la réalité perçue par bien des électeurs. Zemmour : "Ces images sont révoltantes" ( ici ) Cependant, l'envol tant espéré se fait attendre. Les remarques acerbes sur la mansuétude professée par l'ancien journaliste envers Poutine continuent de pleuvoir. O...