"Meeting de la paix" d'Éric Zemmour à Chambéry. Quelque chose est cassé. L'affluence et la ferveur sont là, comme toujours, reconnaissons-le. L'équipe numérique du candidat, constamment vaillante, couvre la réclame, soutient la diffusion et assure l'après-vente. Le spectacle tient ses promesses, quoi qu'en en dise, sans que celles-ci soient absolument de nature à ravir l'honnête homme, mais admettons le professionnalisme qui entoure la prestation.
Le hic est ailleurs. L'heure est grave et le sujet crucial. "Ce meeting sera davantage empreint de gravité que les précédents", annonce le candidat en préambule. Rien cependant ne devait lui assurer l'audience que la situation commande. Jamais le public réuni à Chambéry ne renonça au chahut. Ces personnes sont venues pour admirer leur mentor ("on vous aime !") et rire à ses piques bien senties, conspuer Macron, brocarder Pécresse. Zemmour, lui, n'était pas là pour blaguer. Il voulait discourir de politique internationale, rappeler le rôle de la France vis-à-vis de la Russie et de l'OTAN, réaffirmer son engagement pour une armée digne de ce devoir de puissance, vêtir enfin le costume du Grand Charles et de tous les fins diplomates qui réussirent à contourner les guets-apens des crises qui saisirent maintes fois notre continent et dont la France devait sortir encore plus resplendissante, comme il sied au phare du monde.
Rendez-vous manqué. Il est des jours où l'on n'a pas l'auditoire que l'on mérite. L'homme de la nouvelle Conférence pour la Paix affronta le public d'Intervilles, jovial, hirsute, exultant à chaque lâcher de vachette. La sortie du commandement intégré de l'OTAN, olé ! Le renvoi dos à dos des deux grandes puissances, olé ! L'Ukraine finlandisée, Guy, je ne vous entends plus, on m'a cassé mes lunettes !
Zemmour persiste dans son projet de "rassurer la Russie", "blessée" par "l'avancée de l'OTAN" vers ses frontières, sans jamais se demander si cette avancée n'est pas précisément due à la volonté de nations souveraines qui n'ont que trop longtemps pu goûter à l'amicale occupation de cette même Russie. Si amicale qu'elles voulurent s'en affranchir dès que la possibilité leur fut offerte. Sans aucun doute étaient-elles fascinées par la puissance du dollar et l'illusion d'une existence plus paisible sous les auspices de la démocratie libérale. Et sans conteste vécurent-elles dans l'illusion, n'ayant pas la clairvoyance d'un Zemmour pour qui camper sous le parapluie moscovite n'est pas plus terrible que de bénéficier de l'amitié occidentale et même, voyez l'horreur ! américaine. Il ne tient qu'à un terrible aveuglement qu'elles rechignent encore à accepter la main tendue avec tant de bonhomie par Poutine et ses amis. À quand un bombardement massif des capitales de l'est avec le dernier livre de Zemmour ?
La "fracture électorale" passe en ce moment entre les candidats "pro-russes" et les autres. Le chef de Reconquête s'est placé par choix délibéré du mauvais côté. La simple logique veut qu'il en assume les conséquences, dussent-elles doucher durablement un mouvement qui avait d'autres combats à mener pour l'avenir de la France.
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