Pour faire chuter Zemmour ils invoquèrent Pétain. Ce fut Poutine. Les quatre outsiders directs de Macron sont dos à un mur qui semble celui des fusillés. La stupéfaction et la colère provoquées par l'invasion de l'Ukraine les a envoyés dans le camp maudit. Le camp des traîtres. Des collabos, entend-on aussi.
Les déclarations de bonne intention ne suffisent pas à culbuter l'accusation qui pèse de sa masse immense sur les compromissions de la bande des quatre. Les petites phrases et coup de sangs égrenés depuis des années par Mélenchon et Zemmour en faveur du président russe leur reviennent comme autant de boomerangs traçant dans l'azur une trajectoire ensanglantée. Le prêt contracté par le parti lepéniste auprès d'une banque moscovite est exhibé tel un pacte empesté de soufre. La participation du Républicain Fillon au conseil d'administration de Sibur, contrôlé notamment par un proche de Poutine, est une autre preuve de l'étreinte fatale où se hasardent nos hommes politiques les plus en vue, même s'il faut pour cela embrasser l'ennemi.
Emmanuel Macron a gagné l'élection. Les Français ne voteront pas pour ces candidats qui se sont ainsi décrédibilisés, fourvoyés dans leur analyse à court terme et aveuglés sur la réalité d'un régime qui veut notre perte. Macron aussi s'est trompé ? C'est vrai. Il a cherché la paix, sans la trouver, et on lui en fait grief. À raison, même si la bataille était perdue d'avance. Sa mise en scène grotesque, avec des photos prises sur un pseudo-vif en train de singer Kennedy, devrait éloigner de lui tout électeur un peu conscient de l'énormité de la chose. Ce serait oublier qu'en l'espèce c'est la règle du moins mauvais qui s'applique. Aujourd'hui, Macron est le moins mauvais. Nulle raison de s'en réjouir.
La guerre de civilisation, théorisée par Zemmour en particulier, porte bien son nom. Le chef de Reconquête a méprisé les leçons du livre de Samuel Huntington. L'islam est une civilisation. La Russie aussi, expliquait l'essayiste. Aucune d'entre elles n'est la nôtre. Prendre acte du combat en cours contre l'une ne justifie pas d'oublier l'autre. "Les frontières de l'islam sont sanglantes", avançait l'auteur du Choc des civilisations dans une phrase qui fit scandale. Scandale pour scandale, notons aussi que les frontières de la Russie sont sanglantes - et cela ne remonte pas à ces derniers jours.
Le grand remplacement a été remplacé. Oh, cela n'aura qu'un temps. Les problèmes soulevés par le séparatisme n'ont évidemment pas disparu avec l'agression en cours. Ils sont seulement rendus inaudibles par le flux des informations qui sature la bande passante. Un esprit machiavélique, dans le sens original de l'adjectif, tablerait sur un tassement avant le premier tour de l'affaire ukrainienne pour laisser quelque place à l'autre préoccupation fondamentale sur le destin français. Zemmour doit compter là-dessus. C'est sa planche de salut. Son ultime espoir d'échapper aux poubelles de l'histoire.
"C'est Poutine l'agressé", tweet du compte Macron 2022 citant Zemmour (ici) |
Commentaires
Enregistrer un commentaire