Double déconvenue hier soir sur France 5. Le programme de "C dans l'air" annonçait Zemmour et Jadot. En réalité, ce fut Zemmour puis Jadot. Les deux hommes ne croisèrent pas le fer, laissant sur leur faim les amateurs de jeux du cirque.
Et surtout, la prestation de Zemmour offrit un florilège de ce que le candidat peut proférer de pire. Interrogé à propos, il faut bien le dire, sur des sujets de politique extérieure, ce fut un festival de mauvaise foi, d'à peu près et d'horreurs variées. Ce respect démesuré pour Vladimir Poutine est suspect - non, pas suspect, sinistre autant qu'atroce. Tout ce que la "vieille droite" a pu nourrir de ressentiment contre les Américains entre la fin XIXe (ah, Gustave Le Rouge et sa Conspiration des milliardaires !) et les premières décennies du siècle suivant (Aron, Dandieu : le Cancer américain) se retrouve, au mot près, dans les mots de l'homme qui pour mieux se défaire de cette emprise mortelle se tourne vers "les Russes". Voyez-vous, si la Russie a conquis des pays c'était pour répondre à l'agression hitlérienne, explique en toute innocence l'ami Zemmour, qui n'a jamais lu l'histoire de la Finlande, ni écouté Sibelius. Le drame de la Bessarabie, ce charmant cadeau qu'Hitler offrit à un Staline tout ébaubi, lui est entièrement étranger, tout comme celui de la Géorgie, ravagée dans les années 20 par les bouchers de l'Armée Rouge. Il est sans doute inutile de revenir sur le sort de dizaines de pays que les ancêtres idéologiques de Poutine ont consciencieusement annexés à leur empire totalitaire, et qui portent encore la marque de cette catastrophe politique, humaine, culturelle et environnementale.
La pensée aberrante de Zemmour sur ce sujet est à mon avis mille fois plus condamnable que ses propos sur Pétain. Le goût d'une certaine droite pour "l'homme fort" ne souffre ici d'aucune retenue, d'aucun scrupule que le sens de l'honneur devrait faire naître. Realpolitik, dira-t-on. À ce titre, il faudrait élever au rang de précurseur un homme comme Pierre Laval, chose que l'on n'imagine point, cela va sans dire, de la part d'un gaulliste affirmé.
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