4 600 sympathisants dans la salle des Victoires à Cannes, un bon millier au-dehors, qui n'ont pas pu rentrer, le dernier meeting de Zemmour tourne à une nouvelle démonstration (Le Figaro). Son intitulé explicite, "Meeting de l’Union des droites", pose Zemmour au centre de gravité d'une droite qu'il veut faire renaître, délivrée des interdits édictés par la gauche depuis l'époque de Mitterrand. C'est osé, à défaut d'être gagné d'avance, car on touche ici à un tabou. Mais c'est ce qui fait la force de Zemmour, cette habileté à dévoiler les dessous d'un jeu politique dont les règles ont été codifiées, selon lui, dans les années 80. Non sans raison alors, le FN accueillant en son sein des partisans d'extrême droite, négationnistes et racistes. Le RN, toutefois, n'est pas le FN, quoi qu'on en dise, et il est permis de s'interroger sur la pérennité de cet ostracisme, qui n'a jamais touché, que je sache, le PCF, ce soutien des plus grandes dictatures contemporaines.
L'homme de la reconstruction fait acclamer ses récentes prises de guerre et déclame des propos bien troussés, à défaut d'être toujours convaincants. Il veut alléger le poids administratif, on se félicite, tout en ajoutant de nouveaux dispositifs à cette même administration, on se désole. Zemmour découvre les joies du "en même temps". Curieusement, et de manière assez amusante, sa défense de la liberté, de la propriété, de la sécurité (sûreté) reprend les droits inaliénables édictés dans notre déclaration des droits de l'homme et du citoyen (ici). Même la résistance à l'oppression n'est pas oubliée. J'ose à peine le dire tellement c'est gros, sur ces sujets-là, c'est un discours de gauche, plus exactement de la gauche des origines et non du tohu-bohu wokiste qu'elle est hélas devenue.
Zemmour pioche dans les faits divers pour servir son propos. Des "Roumains" qui se seraient fait rembourser "des milliers de grossesses", un tueur terrifiant qui a commis un assassinat après avoir été libéré prématurément, des jihadistes qui continuaient à toucher des allocations, etc. Un tableau de l'Absurdistan Orange Mécanique.
Parmi les réponses qu'il propose, une idée a de quoi faire frémir. Grâce à un "droit excusable" qu'il entend faire promulguer, un agressé serait en droit de "riposter aux voyous". Je n'ai pas connaissance que les termes "voyou" ou "racaille" aient une quelconque légitimité juridique. La ficelle, un peu grosse, n'a rien pour séduire l'indécis, et tout pour réinstaller dans son camp de droite celui que l'on avait fugitivement cru inspiré par des valeurs humanistes.
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