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16 janvier 2022

Le 400e anniversaire de la naissance de Molière n'a pas échappé à Zemmour. Bien sûr, le grand siècle de Louis XIV, ses fastes, Versailles, le rayonnement de la France, le sang versé par d'Artagnan à Maastricht, ville aujourd'hui si emblématique pour nos souverainistes que l'Union européenne insupporte, sont autant de symboles au cœur de la grande légende zemmourienne.

Zemmour commémore Molière
Zemmour commémore Molière (lien)

Je reste un peu déçu, et peiné, qu'il ne soit venu à l'idée de personne de rappeler une scène marquante de La journée de la jupe, le film de Jean-Paul Lilienfeld :

"Quel était le vrai nom de Molière ?" hurle Isabelle Adjani, professeur de français au collège Maxime-Gorki. Elle pointe le canon d'un revolver vers la tempe de l'élève Mouss et compte : "Un."

L'élève Mouss : "Jean-Baptiste Poquelin. C'est bon, lâche-moi, putain !"

L'enseignante : "Tu vois que tu peux apprendre, quand tu veux".

Le film date de 2008 et pose un constat qui anticipe sur bien des points celui de Zemmour. On y trouve un tableau du grand remplacement, ou de ses prémisses, quand personne ne l'appelait encore de la sorte. L'emprise religieuse sur des quartiers entiers, la victimisation, l'effondrement du système scolaire, la complicité de l'Éducation nationale (comment ne pas songer au sort de Samuel Paty ?), l'antisémitisme, la soumission, bien des années avant le roman de Michel Houellebecq, la manipulation de l'histoire, quand une ministre s'emporte : "les femmes se sont battues pendant des siècles pour avoir le droit de porter le pantalon", tous les ingrédients sont là, mis en images et narrés sans complaisance, pour enfanter la société qui est aujourd'hui la nôtre. Les assassins de Charlie Hebdo auraient pu être des élèves du collège de ce film.

La journée de la jupe, affiche du film
La journée de la jupe, affiche du film

Pour notre malheur, rien n'a été entrepris, ou si peu, en regard des efforts à déployer pour éloigner le spectre d'une civilisation qui s'écroule. À la sortie de La journée de la jupe, Arte l'avait diffusé en avant-première. La chose serait aujourd'hui invraisemblable. Que s'est-il passé pour que ceux qui applaudirent ce récit dérangeant et prémonitoire se mettent à traiter de fasciste l'unique candidat qui semble en avoir tiré des leçons ?

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