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12 janvier 2022

On trouve, du côté de Zemmour, une qualité qui fait défaut à la plupart des autres candidats, indépendamment de ce que l'on pense de l'homme : une assurance affirmée, une authenticité dans l'expression des convictions, bref, pour rependre une formule galvaudée, une sincère "force tranquille", un esprit de conquête puisant son autorité dans l'ordre logique des choses. Peut-être est-ce une façade, car ses nombreux détracteurs déversent sans trêve les petites notes affolantes sur la catastrophe à venir, qui conjecturent un Zemmour préférant renoncer à la présidentielle faute d'avoir pu réunir sous sa houlette les deux étendards de la droite, et désireux plutôt d'imposer sa présence à l'Assemblée ; ou alors, ils parlent d'un parti mort-né, voué à s'effondrer sous le poids des dettes contractées pour financer le pharaonique meeting de Villepinte, et mené du reste, ceci expliquant cela, par des freluquets écervelés ; ou encore d'un très prochain coup cinglant, faisant éclater une bombe sur sa vie privée, que le candidat ne pourra pas davantage esquiver que Fillon en 2017.

Dans cette attente, on peine à percevoir une semblable détermination auprès des autres candidats. L'image d'Hidalgo et de Pécresse "sonne faux", empruntée, ambiguë ; Le Pen, égale à elle-même et dépourvue de ce souffle si capital pour nourrir la foi, ne semble pas devoir faire beaucoup mieux qu'il y a cinq ans. Les autres prétendants n'ont pas encore atteint une notoriété suffisante pour donner au citoyen ordinaire l'occasion de se forger une opinion. Yannick Jadot reste dans l'ombre de Sandrine Rousseau que, pour son malheur, on distingue à peine de son alter-ego parodique sur Twitter, Sardine Ruisseau. Si toutefois Mélenchon sort du lot, c'est surtout Macron, malgré ses déclamations sinusoïdales, sur la forme comme sur le fond, qui résiste à toutes les bourrasques, avec des postures aux antipodes de celles de Zemmour. Ce n'est pas le moindre paradoxe de la campagne en cours.

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