Nous y voilà. Le grand rassemblement au Trocadéro est pensé comme l'apogée de la campagne zemmouriste. C'est là que Sarkozy, puis Fillon, avaient réuni leurs troupes. Deux champions de la droite promis à une cuisante défaite, on s'en souvient. Zemmour ne l'ignore pas. Il ne fait rien au hasard. L'endroit doit servir de déclencheur pour l'électeur de droite "standard", entériner le nouveau venu en politique comme successeur d'un républicanisme débarrassé de son surmoi centriste et socialiste, et de surcroît en route vers une victoire retentissante. Une droite "décomplexée" dirait-on à gauche. Le signal s'adresse aux LR que Pécresse a déçus et résolus à ne pas donner une nouvelle chance à Macron. Sur le papier, ça peut marcher.
Le premier pari est gagné : la foule est venue nombreuse sur l'esplanade du Trocadéro. "C'est un sondage grandeur nature, un avant-goût de la surprise à venir", s'émerveille Zemmour. 100 000 âmes dans le public, un peu moins connectées à YouTube en direct et on ne sait combien derrière des écrans de télévision. "Je suis le seul candidat de droite de cette élection", assure-t-il, et la foule enchérit, sur l'air des lampions : "On est la droite, on est la droite !" Pécresse ? (huées) "Une centriste qui appellera à voter Macron". Marine Le Pen ne prendra aucun risque. Quant à Emmanuel Macron (le public : "on l'emmerde ! on l'emmerde !") il ne "sait toujours pas, au bout de 10 ans, de quel bord il est."
Nos idées sont consensuelles, prévient Zemmour, puisqu'elles reflètent ce que pensent les Francais. Pas mal vu. Il aurait pu s'abstenir ensuite du couplet devenu exaspérant dans son rituel du petit-juif-berbère-dont-les-parents-là-haut-doivent-être-si-fiers. Zemmour fait un serment (comme à Villepinte) voué au redressement de la France. Il n'est pas utile de détailler le contenu de l'intervention, puisant à satiété dans le thésaurus zemmourien (en contournant soigneusement, notons-le, les entrées russes) au long d'un interminable discours - interminable car composé d'éléments anciens et réagencés de façon nouvelle sans former une quelconque nouveauté. Un optimiste aurait pu croire à une prise d'altitude sur certains sujets, et se serait trompé : avec ses Aznavour et ses de Funès, Zemmour continue de parler de la France de sa jeunesse, méprisant des artistes ô combien plus précieux pour notre héritage. On me dit que tout le monde s'en moque, mais je sais que c'est faux. Sa France n'est pas la mienne.
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