Accéder au contenu principal

27 mars 2022, J moins 14

Nous y voilà. Le grand rassemblement au Trocadéro est pensé comme l'apogée de la campagne zemmouriste. C'est là que Sarkozy, puis Fillon, avaient réuni leurs troupes. Deux champions de la droite promis à une cuisante défaite, on s'en souvient. Zemmour ne l'ignore pas. Il ne fait rien au hasard. L'endroit doit servir de déclencheur pour l'électeur de droite "standard", entériner le nouveau venu en politique comme successeur d'un républicanisme débarrassé de son surmoi centriste et socialiste, et de surcroît en route vers une victoire retentissante. Une droite "décomplexée" dirait-on à gauche. Le signal s'adresse aux LR que Pécresse a déçus et résolus à ne pas donner une nouvelle chance à Macron. Sur le papier, ça peut marcher.



Le premier pari est gagné : la foule est venue nombreuse sur l'esplanade du Trocadéro. "C'est un sondage grandeur nature, un avant-goût de la surprise à venir", s'émerveille Zemmour. 100 000 âmes dans le public, un peu moins connectées à YouTube en direct et on ne sait combien derrière des écrans de télévision. "Je suis le seul candidat de droite de cette élection", assure-t-il, et la foule enchérit, sur l'air des lampions : "On est la droite, on est la droite !" Pécresse ? (huées) "Une centriste qui appellera à voter Macron". Marine Le Pen ne prendra aucun risque. Quant à Emmanuel Macron (le public : "on l'emmerde ! on l'emmerde !") il ne "sait toujours pas, au bout de 10 ans, de quel bord il est."

Nos idées sont consensuelles, prévient Zemmour, puisqu'elles reflètent ce que pensent les Francais. Pas mal vu. Il aurait pu s'abstenir ensuite du couplet devenu exaspérant dans son rituel du petit-juif-berbère-dont-les-parents-là-haut-doivent-être-si-fiers. Zemmour fait un serment (comme à Villepinte) voué au redressement de la France. Il n'est pas utile de détailler le contenu de l'intervention, puisant à satiété dans le thésaurus zemmourien (en contournant soigneusement, notons-le, les entrées russes) au long d'un interminable discours - interminable car composé d'éléments anciens et réagencés de façon nouvelle sans former une quelconque nouveauté. Un optimiste aurait pu croire à une prise d'altitude sur certains sujets, et se serait trompé : avec ses Aznavour et ses de Funès, Zemmour continue de parler de la France de sa jeunesse, méprisant des artistes ô combien plus précieux pour notre héritage. On me dit que tout le monde s'en moque, mais je sais que c'est faux. Sa France n'est pas la mienne.

Article de la veille    Article du lendemain

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

14 janvier 2022

Ils se disent Républicains, se sont comptés pour découvrir qu'ils sont mille quatre cent dix-sept, pas un de moins, tous déterminés à voler au secours de Reconquête. Une opération de pure esbroufe ? Possible. Le journal l'Opinion où parait cette tribune de précessistes consternés précise en bas de page : "Les signataires n’ont pas souhaité rendre publique la liste entière qu’ils ont cependant transmise à l’Opinion." Prudence élémentaire ou manœuvre de bas étage ? L'offensive se déploie aussi avec le site "Droite pour la France" ( www.droitepourlafrance.fr ). Mille quatre cents sympathisants ? Fi donc ! Nous avons ici affaire à un "collectif de 10 000 Républicains" qui adjure les électeurs de droite d'abandonner LR pour mieux embrasser la cause zemmourienne. Il n'est pas sûr que ce mouvement opportun soit effectivement fort de dix mille âmes, quand on lit que le nombre de visiteurs en ligne dépasse à peine ce total. Qu'importe, l...

23 janvier 2022

4 600 sympathisants dans la salle des Victoires à Cannes, un bon millier au-dehors, qui n'ont pas pu rentrer, le dernier meeting de Zemmour tourne à une nouvelle démonstration ( Le Figaro ). Son intitulé explicite, "Meeting de l’Union des droites", pose Zemmour au centre de gravité d'une droite qu'il veut faire renaître, délivrée des interdits édictés par la gauche depuis l'époque de Mitterrand. C'est osé, à défaut d'être gagné d'avance, car on touche ici à un tabou. Mais c'est ce qui fait la force de Zemmour, cette habileté à dévoiler les dessous d'un jeu politique dont les règles ont été codifiées, selon lui, dans les années 80. Non sans raison alors, le FN accueillant en son sein des partisans d'extrême droite, négationnistes et racistes. Le RN, toutefois, n'est pas le FN, quoi qu'on en dise, et il est permis de s'interroger sur la pérennité de cet ostracisme, qui n'a jamais touché, que je sache, le PCF, ce soutien de...

19 mars 2022, J moins 22

Calme blanc entre deux crises. Zemmour et les siens s'emploient à faire tourner des petits films où des soutiens du candidat se font insulter, agresser parfois, par des voyous. De la racaille, selon la terminologie consacrée. Le jeune Stanislas Rigault encaisse sans broncher une salve ordurière et s'attire les justes encouragements de son mentor. Si encore les injures étaient variées, mais non, toujours les mêmes mots, les mêmes expressions, où reviennent en boucle des énoncés peuplés de prostituées, de mères, d'homosexuels et de pratiques charnelles. À croire que tous les insulteurs de France proviennent d'un même moule. La chose devrait profiter à Zemmour, qui énonce la réalité sans fard, ou du moins la réalité perçue par bien des électeurs. Zemmour : "Ces images sont révoltantes" ( ici ) Cependant, l'envol tant espéré se fait attendre. Les remarques acerbes sur la mansuétude professée par l'ancien journaliste envers Poutine continuent de pleuvoir. O...