30 mars 2022, J moins 11

Sécurité, protectionnisme, vitesse et réconciliation. Petit feu d'artifice du candidat Zemmour qui fustige plus que jamais l'inconsistance d'un État incapable de protéger les Français, promet de lutter contre le libre-échange pour protéger les paysans, peste contre les limitations de vitesse à 30 km/h, ne ferme aucune porte à la possible "réconciliation" avec le RN, et insiste sur ce cri venu du peuple, dit-il, dimanche dernier : "Vérité !"

Zemmour : Dimanche, au Trocadéro, le peuple a crié « vérité ! » (lien)

"Si nos accusateurs n'ont conservé, de cette longue heure de discours, qu'une poignée de secondes [celles des cris "Macron, assassin !"], c'est parce qu'ils désirent frénétiquement enterrer la vérité."

Le concept de vérité en politique étant plus glissant qu'une anguille et moins aisé à manier qu'un poisson porc-épic, la méfiance est de mise. Zemmour est certainement un homme sincère sur bien des sujets, et c'est une qualité à souligner, mais voilà, la sincérité n'est pas la vérité. Ce ne serait pas le premier, hélas, à se vautrer dans la défense sincère de ce qu'il croit être l'expression même de la droiture. Ses livres sont emplis de ces aphorismes lapidaires qui insultent la mémoire, l'histoire et l'art, déclamés sur le ton d'un oracle. Attention au retour de bâton, il a déjà été pris en flagrance de dissimulations (pour ne pas dire de mensonges) : que l'on pense à ce qu'il professait il y a quelques années sur Marine Le Pen ("elle est nulle") ou à son revirement sur la "remigration". On n'ose songer aux accusations de complicité active avec le Kremlin (si d'aventure il y avait du vrai derrière ces charges, ce serait un coup de tonnerre, et un nouveau démenti à la passion pour la vérité. Mais aujourd'hui, rien n'est sûr). Le point sur lequel il dit vrai est celui de la guerre que nous mènent des islamistes. On ne peut pas le lui retirer. La valeur de cet atout-maître est ternie par les multiples pensées aussi définitives qu'approximatives dont il émaille son projet.

L'appel d'air du candidat Zemmour profite au Rassemblement National, analyse Ouest France. Il fallait y penser, et le pire est que ça se tient. Si les sondages sont fiables, le 2e tour s'annonce plus serré que prévu entre le sortant et Marine Le Pen, qui aura pu récupérer la dynamique de Reconquête.

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